Réflexions concernant le service missionnaire à court terme
- Ceux qui partent doivent se considérer comme des « apprenants ». Il vont pour apprendre sur le terrain.Laissons de côté l’attitude « anti-intellectuelle » qui affirme que le fait de « simplement partir » est la seule chose importante.
- Les missionnaires à court terme doivent comprendre qu’ils sont des « invités », et non des spécialistes, surtout s’ils n’ont aucune préparation transculturelle. On ne doit pas leur donner l’impression qu’ils apportent l’Evangile pour la première fois (souvent, l’Evangile a déjà été annoncé depuis des décennies dans les lieux où ils se rendent).
- Les missionnaires à court terme doivent prendre conscience qu’il est dangereux de donner des réponses simplistes à des questions culturelles complexes. Ex : les traditions – l’éthique du travail – le mariage – l’expression de la foi – la forme du culte et de l’adoration – etc.Quand on commence à comprendre et apprécier la complexité de la vision du monde de l’autre, on comprend qu’il est nécessaire de former ces missionnaires aux notions transculturelles.Les problèmes de dépendance financière que nous constatons dans beaucoup d’églises créées par les missions, sont souvent le fruit du travail de personnes bien intentionnées, qui sont allées servir en mission sans connaissance de base des principes de vie indigène (y compris le fait que les églises peuvent être autonomes dès leur création).
- Les missionnaires à court terme doivent comprendre que leur témoignage personnel est valable, mais qu’il doit être partagé discrètement. Leur témoignage n’est pas nécessairement la norme pour le monde entier (les personnes vivant sur notre terre ne viennent pas toutes au Seigneur de la même manière que les Occidentaux). Soyons prêts à écouter, à démontrer que nous, occidentaux, pouvons réellement écouter aussi bien que nous parlons.
- Il est important de prévenir les missionnaires à court terme que ce qu’ils sont est bien plus important que ce qu’ils font. Ne nous laissons pas prendre au piège de « vouloir montrer quelque chose à notre retour ».C’est pour cela que ceux qui se considèrent comme « apprenants », avec une attitude juste, réalisent plus de choses que les « activistes » qui se sentent obligés de laisser une trace derrière eux.
- Attention au piège de vouloir montrer quelque chose pour « rentabiliser » l’argent et le temps investis dans l’œuvre.On peut facilement vivre une expérience transculturelle dans son propre pays, dans un quartier cosmopolite d’une ville. Si quelqu’un réussit un travail dans un quartier difficile et qu’il en apprécie l’expérience, c’est un signe qui permet de penser qu’il pourra être efficace et porter du fruit dans un ministère à long terme en milieu transculturel.
- Chaque missionnaire à court terme doit être averti des difficultés posées par notre richesse relative comparée à celle des personnes que nous visitons. Il y a alors la tentation de se sentir submergé par la pauvreté, selon notre propre perspective.Il est essentiel de distinguer entre pauvreté relative et pauvreté absolue. Les gens vivants dans une pauvreté absolue ont certainement besoin d’une aide extérieure pour survivre. La pauvreté relative touche les personnes qui ne peuvent pas mener le même train de vie que nous, mais elles sont néanmoins capables de survivre dans la société et l’environnement où Dieu les a placées (certains affirment même : « Nous ne savions pas que nous étions pauvres jusqu’à ce que quelqu’un de l‘extérieur nous le dise »).C’est là qu’il y a un danger de créer des dépendances financières artificielles. Les travailleurs à court terme doivent savoir que leur compassion ne doit pas les amener à faire pour les autres ce que ceux-ci peuvent et doivent faire pour eux-mêmes. La difficulté est parfois de savoir où se situe la frontière entre pauvreté absolue et relative.
- Un bon apprenant ne doit pas seulement écouter les gens qu’il visite, mais aussi chercher à apprendre sur l’endroit où il va. (Il existe de bons livres sur la question). Il est également important de lire, prendre des cours, se former sur le sujet de la communication transculturelle.
- Assurez-vous des motivations qui vous poussent à entreprendre un voyage missionnaire à court terme !
- Autant que cela est possible, partez en mission à court terme avec un groupe de petite taille.Des petits groupes sont plus faciles à loger chez l’habitant (ce qui permet aux participants de mieux s’intégrer dans la vie locale) – Ils dérangent moins l’équilibre de la communauté autochtone.
Conclusion
Pour être efficace dans des missions à court terme, ayons dès le départ une « attitude juste». Celle ci, combinée avec une bonne formation à la sensibilité culturelle, peut donner à chacun (missionnaires « court termes » et communautés autochtones) une expérience très positive.
Certains missionnaires à court terme, s’ils revêtent une attitude de serviteurs, pourront développer une vocation à long terme, ou devenir des soutiens pour l’œuvre missionnaire pour le reste de leur vie.