Qu’est-ce que l’animisme ?
1/ Définitions
Le terme « animisme » a été inventé par l’anthropologue EDWARD TAYLOR en 1871. Ce mot vient du latin « anima » qui signifie : « âme »
* L’animisme est une croyance attribuant une âme, une conscience à chaque objet du monde matériel (animal, végétal, géologique » (dictionnaire Hachette)
* L’animisme est la croyance en des êtres spirituels : non seulement ceux des morts, mais aussi aux esprits de la nature (arbres, pierres…). Il s’agit souvent de croyances religieuses primitives plutôt que d’une religion particulière. Ce la engendre toutes sortes de croyances sur des notions telles que : l’âme – l’état futur après la mort – les divinités dirigeantes et les esprits inférieurs – etc.
» Les animistes croient que les esprits élisent domicile dans des rochers, des arbres, des montagnes, des idoles, des sanctuaires, des lieux géographiques, des personnes particulières, vivantes ou mortes, et qu’ils peuvent manipuler ces esprits au service de l’ homme »
* L’animisme est le culte voué à des puissances spirituelles, capables de faire du bien et du mal à leurs adeptes, sans discrimination, de façon imprévisible. L’animiste est à la merci de la volonté capricieuse des esprits qui l’asservissent, et auxquels il demande la puissance pour jouir pleinement de la vie. Il recherche, sans garantie de succès, ni de sécurité.
L’animisme a pour but de donner à la personne un état ultime idéal. L’animiste lutte pour un monde d’équilibre et d’harmonie avec la création, et par conséquent dans l’être intérieur. L’homme doit pour cela agir de « façon correcte » avec les puissances spirituelles, pour garantir la réussite, le bonheur et la sécurité.
Christianisme et animisme ont ceci en commun : ils ont une conception spirituelle de la vie.
Qu’englobe-t-on sous le terme animisme ?
Le fétichisme (fétiche = substitut visible d’un esprit auquel on adresse un culte). Le culte est en fait adressé aux esprits, aux dieux, aux ancêtres. Le fétiche est le siège d’une puissance sacrée.
Le totémisme (totem = animal ou végétal représentant l’ancêtre d’un clan)
Le paganisme ou toutes les religions polythéistes – Les Religions Africaines Traditionnelles.
2/ Divers éléments relatifs à l’animisme
La religion : Ensemble de croyances et dogmes qui définissent la relation entre l’homme et le surnaturel ou le sacré.
Pour l’animiste, la religion est un système de croyances, de sentiments et de comportements qui s’expriment en rites, cérémonies et liturgies. Par ces actions symboliques, il manipule les esprits familiers, pour qu’ils lui assurent le succès, le bonheur, la sécurité dans la vie.
Existence d’un Dieu ou Être Suprême, qui n’est pas impliqué dans la création et n’a pas de relations avec les humains.
L’homme est essentiellement une partie de la nature.
L’homme est constitué de plusieurs parties : l’âme (ou ombre, esprit, double) est unie au corps, mais elle peut le quitter (déjà pendant la vie), voyager, et ensuite raconter au corps ce qu’elle a vu (dans les rêves), ce qui est interprété comme un présage.
A la mort, l’âme (ou double) se sépare du corps, elle garde sa personnalité pour une nouvelle existence : ce sont les « mânes » des ancêtres. Elles mènent une existence diminuée, effraient les vivants en leur apparaissant (fantômes), elles parlent par des rêves, annoncent l’avenir (présages), elles envoient bénédictions ou malédictions, selon la manière dont on les traite.
Le rôle des puissances spirituelles : Dans tous les cultures animistes, la croyance en l’existence de puissance surnaturelles est répandue. Les puissances spirituelles rendent esclave l’animiste. C’est la stratégie de Satan pour asservir les hommes-
On distingue : les esprits de la nature – les esprits des morts – les djinns malfaisants – les génies (qui confèrent certains pouvoirs à ceux qui en sont possédés) – toutes sortes de divinités, de hiérarchies et de fonctions.
Les puissances spirituelles sont locales, régionales : Elles se manifestent dans des objets visibles, créés : arbres, rivières, rochers, animaux, lieux déserts, idoles, forces de la nature. Elles se manifestent aussi par les forces invisibles: maladie, mort, esprits ancestraux, malédictions…
Le résultat est la peur : L’individu cherche à exercer un contrôle sur sa vie, en essayant de manipuler, d’apaiser ces puissances spirituelles.
Elles ont leurs émissaires sur la terre : sorciers, guérisseurs, féticheurs, chamans, devins, médiums, etc. Ce sont des « initiés » qui ont un degré supérieur de connaissance.
– ils interprètent l’origine des difficultés que l’individu rencontre
– ils prescrivent les « remèdes » au déséquilibre survenu
– ils sont des médiateurs entre les mauvais esprits et l’individu
Ils peuvent faire du bien (ex: une grossesse, une guérison) ou du mal (jeter un sort, tuer ou rendre malade), mais Satan fait toujours en sorte d’éloigner les hommes de Dieu et de les rendre dépendants de lui.
Face aux problèmes de la vie, l’animiste cherchera toujours : Qui ? Pourquoi ?
Les talismans, les amulettes qui attirent la chance et repoussent le malheur, marquent tous les pays et toutes les époques.
Les fétiches sont des objets très divers, sièges d’une puissance sacrée. Quand une relique, un objet a prouvé son efficacité, on met un objet en contact avec le lieu sacré pour en capter la force, puis on l’incorpore à un nouvel autel qui devient fétiche, lieu de culte.
Le mana (mot polynésien qui signifie : force) : puissance surnaturelle impersonnelle que l’on trouve dans toutes sortes d’objets (animaux, plantes, certains être humains), qui confère une efficacité magique et donne de l’autorité. Cette force est cachée mais perceptible, elle est présente dans tous les objets sans qu’on puisse la définir. (Comparer avec l’électricité – la « force vitale »)
On peut faire croître ou décroître le mana par des moyens magiques. On peut l’utiliser pour le bien comme pour le mal.
Les tabous sont des interdits d’ordre religieux ou rituel qui frappent une personne, un animal ou une chose, considérés comme sacrés ou impurs, et dont la transgression entraîne un châtiment surnaturel. Il y a des interdits d’ordre sacré, d’ordre social et d’origine personnelle.
3/ Les implications de l’animisme
- L’organisation sociale :
- Tribus et clans – Familles et systèmes de parenté
- Structures d’autorité
- Initiations – Castes et classes d’âge –
Le rôle du système social et familial est de maintenir les équilibres sociaux et spirituels (maintenir les relations entre les individus, et entre les individus et le monde des esprits).
L’individu et la communauté vivent sous un régime de solidarité imposée.
- Les fonctions religieuses :
Elles ont pour but de maîtriser les puissances spirituelles (au moins jusqu’à un certain point). Toute maladie, malchance ou malheur ou mort sont le signe et la conséquence d’une relation perturbée avec les êtres visibles (sorcellerie) ou invisibles (même un esprit favorable peut se fâcher)
– Idolâtrie
– Malédictions et bénédictions –
– Divination : (transes – hypnose – techniques divinatoires – etc.) : c’est non seulement prédire l’avenir, mais aussi un moyen d’entrer en communion avec les esprits et s’identifier à eux.
Divination fortuite (connue de tous) – Divination par rêves
Divination professionnelle : recours à des techniques particulières telle que :
Divination mécanique : recours à des instruments
Divination par possession : un génie « monte » dans le devin et parle
Divination par communication directe avec un génie ou un ancêtre (sans transe)
– MAGIE : vouloir maîtriser les puissance surnaturelles en utilisant des techniques adéquates (par exemple : pour un voyage, pour une affaire, une bonne récolte, ou pour détruire un ennemi)
La magie peut provoquer la crainte, mais elle n’exige aucune obéissance.
Magie Blanche ou « magie bénéfique » : elle guérit ou protège par des moyens magiques. Elle détecte et combat les sorciers, réconcilie l’individu ou la collectivité avec les esprits en colère.
On trouve ici : les guérisseurs – les chamans : ils sont cartomanciens (pour diagnostiquer), médecins et pharmaciens (pour soigner et prescrire les remèdes, les fétiches de protection) Certains sont des charlatans ! ils utilisent des rituels, formules magiques, objets sacrés
Magie noire ou « magie maléfique », c’est de la SORCELLERIE.
Le sorcier est l’homme de la nuit, de l’ombre, connu ou inconnu. Certains sont sorciers malgré eux. Ils jettent des sorts, des malédictions, envoûtent, tuent, etc.
Il existe des sorciers anthropophages (mangeurs d’âmes) – empoisonneurs – ils utilisent des sacrifices –
RITES relatifs à la naissance, la vie, la mort.
RITES INITIATIQUES : Passage à la vie adulte, à la connaissance – Parfois c’est une « renaissance » (ex : le YONDO chez les Saras au Tchad) – Circoncision et Excision –
4/ Approche théologique
4- 1/ Il nous faut revoir l’approche théologique occidentale
La théologie occidentale insiste sur le salut comme « délivrance du péché » : repentance, énumération des péchés, résoudre la culpabilité personnelle, vaincre la nature de péché, etc. Elle insiste sur le rôle salvateur de JESUS.
Les animistes ont besoin de connaître la puissance spirituelle de JESUS qui est supérieure à celle des esprits mauvais, et qui les rend capables de résoudre leurs dilemmes quotidiens. (Depuis la conception, l’accouchement et jusqu’à la mort). L’animiste a besoin d’être libéré de la peur et de l’esclavage des puissances maléfiques. Quelles sont les solutions aux problèmes pratiques de l’animisme, tels que : pauvreté – sorciers et guérisseurs – pressions du groupe – caprices des mauvais esprits – famines ?
Dans le contexte animiste, on souligne d’abord la nécessité de se soumettre à la Seigneurie de Jésus Christ. L’Evangile est la Bonne Nouvelle du pouvoir et de l’autorité de Jésus-Christ, pour délivrer et protéger les hommes contre les esprits mauvais. 2 Cor 4, 5 / Actes 26, 15
Ensuite, on abordera le concept biblique du péché, du pardon et du rôle salvateur de Jésus-Christ.
Le missionnaire doit être prêt à aborder la question de la « puissance » sous l’angle animiste.
4-2/ Salut personnel ou Salut pour la communauté ?
4-3/ Le concept du péché
Dans la vision animiste du monde, le péché contre Dieu n’existe pas.
Quelle est la notion de Dieu dans l’animisme ?
– Il est Créateur. Ensuite il s’est retiré du monde
– Il est abstrait : l’animiste n’a pas de contact personnel avec Dieu, mais plutôt avec les démons
– Dieu, Sa loi morale, la notion du péché, ne font pas partie de ce que l’animiste croit
→ Pour le païen animiste, la tradition des ancêtres fait fonction de loi. Le péché c’est ce qui va à l’encontre des coutumes observées par tous. Il n’y a pas de normes morales.
Les animistes observent intuitivement certaines règles morales : hospitalité, virginité des filles jusqu’au mariage, partage des biens, etc.
» Le sentiment de faute ou de culpabilité au sens chrétien est ignoré, l’animiste ne reconnaît pas le péché comme une offense contre le législateur suprême. »
→ Puisque l’offense ne vise pas Dieu, mais la tradition, l’individu coupable est considéré comme fautif seulement s’il est pris. » L’animiste à la notion de ce qui est permis ou défendu, mais pas la notion du bien et du mal. Il n’a pas conscience d’offenser Dieu ni son code moral. «
Pour l’animiste, la transgression entraîne avant tout un désordre ou déséquilibre, qu’il faut redresser. Le péché est pour lui une transgression des coutumes culturelles, ou des exigences du monde des esprits.
Le missionnaire doit revoir son message « occidental » : que signifie avoir besoin d’être sauvé de son péché ? L’animiste respectueux des coutumes, n’a aucune conscience d’être pécheur. Le fait de lui présenter l’Evangile par le thème de la « délivrance du péché » augmentera sa confusion.
4-4/ La conversion
Il ne suffit pas d’enseigner Deutéronome 18, 10-12 et de mettre fin aux pratiques occultes : l’animiste qui se convertit à Christ doit mettre sa foi dans le pouvoir de JESUS seul pour le protéger contre les forces maléfiques. Jésus est d’abord celui qui délivre du Royaume des ténèbres, avant d’être celui qui délivre du Royaume du péché. Voir 1 Thess 1.7-9
» La conversion est l’acte par lequel le croyant, après sa repentance, se tourne vers Dieu et rejette complètement les croyances et les pratiques de son ancienne religion, au point que la grâce de Dieu devient visible dans sa vie. » (Hesselgrave)
La conversion d’un animiste est un « changement de loyauté« , un « engagement et un rejet ». Il y a rejet de l’ancien système religieux. L’animiste sait alors de quel côté se trouve la vérité.
Dans Actes 13 : L’ouvrier de Christ doit démontrer clairement que Jésus est Seigneur, au dessus de tout et de toute autre puissance. Paul l’a démontré à Thessalonique.
5/ Communiquer l’évangile aux animistes
5-1 / Les passerelles de communication
« Le missionnaire ne se contente pas d’apprendre ce que Dieu a dit : il doit aussi comprendre les hommes, auquel, IL apporte la Parole de Dieu. »
Comme l’apôtre Paul, faisons le relevé des équivalences entre les éléments culturels de l’animisme et ceux de la Bible. Il est important de comprendre les coutumes et les croyances des auditeurs afin de connaître leur langage, pour appliquer celui-ci à la présentation de l’Evangile, conformément à leur vision du monde.
Utiliser des évènements marquants : funérailles, naissance, mariage etc.
5-2 / Soyez attentifs à la confrontation de puissances
5-3 / Soyez attentifs à la question des motivations
5-4 / Soyez attentifs à la question de la compréhension des choses.
5-5 / Considérez le problème de la structure sociale
Le processus d’évangélisation doit conduire à la formation de groupes de communion, conformes à la Parole de Dieu et proches des structures sociales indigènes.
Attention : la majorité des sociétés animistes sont orientées vers la communauté. Les nouveaux convertis doivent être incorporés dans la communion des croyants. L’implantation des nouvelles églises doit tenir compte dès le départ des formes indigènes.
5-6 / Soyez attentifs au problème du « vide culturel »
Il doit être possible pour n’importe quel nouveau converti de suivre Jésus sans devoir rejeter sa tribu ou sa culture d’origine.