Quels missionnaires pour le 21ème siècle ?
« Les missionnaires actuels ne conviennent plus aux modèles traditionnels »
I) Différents types de travail missionnaire
I-1 : Travail pionnier (long terme)
Il y a besoin urgent de missionnaires pionniers de toutes nations, de tous horizons, ayant toutes sortes de compétences, pour atteindre les 2,5 milliards d’hommes et femmes les moins évangélisés de la planète.
Il faut : des évangélistes – des planteurs d’églises – des traducteurs de la Bible – des techniciens – des informaticiens – des spécialistes en développement – des personnels éducatifs, médicaux, agronomes – etc.. car les stratégies sont multiples, les champs d’action très variés, d’un peuple à l’autre.
Ces missionnaires s’engagent sur du long terme.
I-2 : La formation
Pour la formation biblique, les structures peuvent être classiques (Ecoles et Instituts bibliques) ou plus pragmatiques (formation décentralisée).
Il est important de former également des gestionnaires, des administrateurs, des leaders nationaux, des cadres pour divers domaines de l’œuvre de Dieu (œuvres sociales, développement)
La formation est un besoin encore pressant, même dans des pays où la proportion de gens christianisés est importante : c’est une réponse au christianisme de surface.
Phinehas DUBE, Pasteur nigérian, a écrit récemment au sujet de l’Eglise en Afrique :
« The Church in Africa is : one mile wide, but one inch deep »
I-3 : Le développement
La perspective « holistique » est de plus en plus un souci dans l’œuvre missionnaire : l’approche de l’Evangélisation prend en compte les besoins de l’homme dans son intégralité (corps – âme – esprit). Le ministère de compassion pour les hommes et pour la justice sociale accompagne l’annonce de l’Evangile.
I-4 : Aide en urgence – aide humanitaire
Ce sont des personnels très spécialisés, qui interviennent de façon rapide et précise dans des situations urgentes et traumatisantes : catastrophe naturelle – guerre ou conflit armé – déracinement de population – épidémie – famine – etc.
Ex : médecins et personnels soignants – logisticiens – constructeurs d’abris – transporteurs de matériel – etc.
Leur temps et moyens d’action sont limités au « temps de crise » : leur action est souvent relayée par des actions de développement et de reconstruction.
I-5 : Missionnaires non résidents
Ce sont des personnes qui vivent en dehors de la région géographique d’un groupe visé, mais qui mènent un certain nombre d’activités pour atteindre ce groupe. Ils utilisent toutes sortes de ressources disponibles dans leur pays d’origine pour l’évangélisation, et les concentrent sur la population visée, pour un plus grand avantage stratégique.
Ce type de missionnaire n’est pas en concurrence avec les autres ouvriers, qui utilisent d’autres approches. Tous les autres ministères et autres ressources sont pris en compte et renforcés dans le but d’atteindre un peuple donné.
Son lieu de résidence n’est pas forcément près du peuple à atteindre : c’est plutôt un endroit stratégique, un carrefour de communications et de ressources (souvent un centre urbain).
C’est un homme qui travaille en réseau, avec de multiples partenaires (personnes, églises, œuvres, etc.). Il est inconcevable pour lui de travailler individuellement auprès d’un peuple, ni même avec une seule dénomination. Il a une capacité de catalyser des centaines d’agents évangélistes pour un effort concerté.
II/ Deux manières de financer le ministère
Dans le Nouveau Testament, on trouve deux manières principales de financer le ministère : en étant « faiseur de tentes » ou en recevant un soutien des églises. Les deux sont légitimes. C’est le contexte qui détermine si l’on choisit l’un ou l’autre.
* Dans un cadre pionnier païen, Paul a choisi d’être faiseur de tentes, pour être crédible et efficace. C’était une motivation non pas théorique, mais stratégique et contextuelle. C’était une conviction profonde pour lui. (1 Corinthiens 9,12)
2 Cor 11,7-10 = Paul ne veut pas être un fardeau pour les autres, de quelque façon que ce soit.
2 Thessaloniciens 3,9-10 = Il encourage les autres à faire de même.
Philippiens 4, 16 / Actes 18,5 : à d’autres moments, Paul vit avec les dons des églises.
* Paul a montré l’exemple du style de vie pionnier missionnaire : il était faiseur de tentes. Pour lui, il n’y avait pas d’écart entre travail séculier et travail spirituel.
* Le modèle du ministère à plein temps (soutenu financièrement à 100%) n’est souvent pas applicable pour les structure émergentes des pays du sud : c’est trop coûteux, et dans beaucoup de cas ce n’est pas la meilleure stratégie. Pour les missionnaires occidentaux, la recherche du soutien financier devient également un souci important.
Compte tenu du contexte politique, religieux, social de nombreux pays aujourd’hui, l’approche des « faiseurs de tentes » est la seule possible.
III/ Le travail de faiseur de tentes comporte un mandat stratégique.
Les faiseurs de tentes ont 8 arguments :
- Ils sont mieux acceptés et plus crédibles aux yeux de la population locale.Un missionnaire étranger soutenu à 100% par de l’argent étranger est considéré comme suspect par la population.Pour que la population accepte le message, il faut d’abord qu’elle accepte le messager (1 Cor 9,12). Celui ci est avant tout témoin.
- Ils s’identifient plus facilement avec la population locale.Paul suivait l’exemple de Jésus (Philippiens 2, 5-10 / 1 Cor 4,12) = il travaillait dur de ses mains, comme les autres gens, il gagnait leur respect, et pouvait ainsi atteindre un grand nombre de personnes.
- Ils proclament l’Evangile au moyen d’un travail séculier oint du St Esprit.Ils proclament la Parole par leurs actions, pas seulement verbalement. Ils démontrent, par un style de vie authentiquement chrétien, que l’Evangile est aussi efficace dans les choses courantes de ce monde, au milieu des tempêtes de la vie quotidienne.Ex : Un homme d’affaires qui refuse la corruption et la tricherie / Un juge qui applique la justice, sans pots de vin / Un médecin ou une infirmière qui exerce avec compassion et prie pour ses patients.Le fruit d’un travail oint de l’Esprit est un témoignage qui ouvre la porte au témoignage verbal de l’Evangile.
- Ils sont au moins partiellement autonomes sur le plan financier : C’est un atout important pour les missionnaires issus des pays du Sud.
- Ils ont un « pont de relation » naturel avec la population locale, au moyen de leur travail séculier.Le missionnaire payé à plein temps doit créer des occasions de rencontre avec la population autochtone : cela paraît parfois artificiel, anormal, suspect.Le faiseur de tentes s’intègre tout de suite dans le milieu social, il entre rapidement en contact avec des dizaines de personnes et de familles, de façon naturelle, sans attirer l’attention. Il peut faire passer le message de l’Evangile de façon naturelle.
- Ils démontrent le modèle d’un style de vie chrétien pour les nouveaux convertis :Dans un peuple non atteint, les nouveaux convertis n’ont aucun modèle, ils n’ont jamais vu de chrétien. Ils ne savent pas comment vivre la morale chrétienne au sein de leur culture.- Paul démontrait la vie chrétienne au sein d’une société immorale, idolâtre et pervertie. Il a aussi forgé chez les nouveaux croyants une solide éthique du travail, car sans cela, il ne peut y avoir de vrais convertis pieux, ni de familles en bonne santé, ni d’églises autonomes, ni une société productive.- Les nouveaux convertis doivent aussi apprendre à vivre sans argent extérieur, même dans des conditions menaçantes : le faiseur de tentes est un bon exemple pour eux.
- Ils donnent le modèle des bonnes stratégies de soutien et d’exercice du ministère, pour les futurs dirigeants des jeunes églises.Au sein du mouvement d’implantation d’églises de maisons, celles-ci sont dirigées par des chefs de foyers qui travaillent et entretiennent leur famille. Les dirigeants ne sont pas salariés de l’église. Quand les missionnaires pionniers montrent le modèle (faiseur de tentes), cela paraîtra normal aux jeunes dirigeants de vivre selon ce même modèle.C’est seulement quand le réseau de cellules de maisons sera assez important que les besoin de conducteurs à plein temps apparaîtra nécessaire : le potentiel financier sera alors suffisant pour établir de tels ouvriers, sans aide extérieure.
- Le modèle de faiseurs de tentes peut être multiplié plus facilement.Le système missionnaire classique (envoyer des ouvriers payés à plein temps) est trop restreint face aux besoins actuels. Il ne permet pas d’envoyer des multitudes, mais seulement quelques troupes.Les faiseurs de tentes sont aussi des missionnaires « à plein temps ». Le Nouveau Testament parle plus du style de vie, en matière d’évangélisation, que de techniques. Le faiseur de tentes est lui même, en tant que personne, l’Evangile, la bonne odeur de Christ.
Comment choisir la bonne activité de faiseur de tentes ?
Il faut considérer 4 facteurs :
- Les dons et capacités du missionnaire : Chacun peut exercer dans un domaine où il a des dons ou une formation.
- La formation séculière du missionnaire. Selon le métier qu’il a appris, le faiseur de tentes pourra continuer à exercer sa profession, au milieu de gens non atteints.
- La réalité du pays de destination. Toute activité n’est pas opportune dans n’importe quel contexte : quand on veut atteindre une nouvelle région, un nouveau peuple, il faut étudier soigneusement quelles activités sont possibles, quels types de missionnaire (et quels dons) seront efficaces.
- Les opportunités de travail dans la zone ciblée.La mondialisation bouscule la face du monde : même les pays fermés à l’Evangile ont besoin de certains types de travailleurs étrangers (ex : au Moyen Orient). Ceux ci peuvent être hautement qualifiés (ingénieurs – médecins – informaticiens – enseignants) ou sans qualifications (manœuvres – nourrices).
Aspects et éléments essentiels de la préparation d’un missionnaire
1/ Développer les qualités spirituelles du futur missionnaire
Voici 8 qualités spirituelles majeures :
- Caractère
- Attitudes
- Marche spirituelle
- Appel
- Engagement personnel
- Fondement biblique et théologique
- combat spirituel
- Attentes personnelles
La formation spirituelle vise à former l’être, avant le « faire » ou le savoir. Elle aide les jeunes missionnaires à acquérir une vie de piété personnelle stable, disciplinée. La maturité spirituelle est une clef pour persévérer et demeurer efficace dans le service chrétien.
2/ Développer les capacités relationnelles du futur missionnaire.
- Connaître l’éthique de l’agence missionnaire, ceux qui dirigent à l’arrière.
- Identifier les attentes du missionnaire par rapport à la vie de groupe.
- Quelle est son ouverture sociale face aux autres cultures ? Est-il orienté vers les personnes, capable de nouer des contacts ?
- Etre formé pour le travail en équipe : attention aux attentes irréalistes !
- Etre formé aux relations interpersonnelles, en milieu transculturel ;
- Avoir des notions concernant la résolution des conflits, et sur les différences de plus en plus rapprochées entre les générations.
3/ Développer les capacités d’adaptation pour une vie hors de sa culture
C’est un facteur important pour diminuer le stress en arrivant sur le terrain missionnaire, et pour établir d’entrée une meilleure communication.
Ex : cours d’anthropologie culturelle – de communication transculturelle –
Communiquer au jeune missionnaire une attitude d’ouverture, la volonté d’apprendre.
4/ Une formation qui s’adresse à la famille toute entière
La formation doit renforcer l’unité familiale. Elle doit équiper chacun (parents, enfants, célibataires) pour faire face aux pressions liées au ministère transculturel, qui peuvent mettre en péril les relations de couple et de famille.
5/ Une bonne préparation physique
La formation doit enseigner les principes bibliques concernant notre responsabilité envers le corps et la santé que Dieu nous a donnés.