La force vitale de l’intercession missionnaire

La force vitale de l’intercession missionnaire
Robert Hall Glover(1871-1947) – Missionnaire en Chine

La considération la plus importante dans le domaine de la mission n’est pas les méthodes, ni l’argent, ni même les hommes, mais c’est Dieu Lui-même et Son action. C’est la prière qui apporte la révélation de Dieu et qui provoque Son action. Mais attention : la prière n’est jamais un substitut au fait d’aller, pour ceux qui sont qualifiés pour partir et capables d’aller. En d’autres mots : aller, donner et prier ne sont pas trois options différentes parmi lesquelles le chrétien peut choisir selon ses préférences personnelles. De même, aucune somme d’argent ni aucun cumul de prière ne pourront accomplir l’Ordre Suprême d’aller évangéliser le monde entier, à moins d’aller effectivement. Le commandement est : « Allez, prêchez!” Mais ceux qui ne peuvent pas aller personnellement peuvent “aller par la prière”…

De même que prier sans prêcher ne peut jamais suffire pour accomplir la tâche missionnaire, il est tout aussi vrai que prêcher sans prier ne peut pas plus l’accomplir. Dieu a joint les deux, ils sont inséparables dans Sa Parole – Actes 6,4: Pour nous, nous devons nous donner continuellement à la prière et au ministère de la parole ». » Ici sont mentionnées les deux lignes directrices du ministère chrétien: la prière et la prédication, et elles sont présentées de telle manière que cela indique qu’elles revêtent une importance égale. Les deux, prière et prédication, sont placées au même niveau, elle reçoivent la même importance, et s’il faut accorder une signification à l’ordre des mots inspirés, alors la prière a la prédominance puisqu’elle est cités en premier. Elles sont complémentaires, elles ne constituent pas deux ministères séparés, mais plutôt deux parties essentielles d’un ministère unique. La prière est la fonction de la prêtrise, c’est à dire se présenter devant Dieu de la part des hommes pour plaider en faveur de leurs besoins et invoquer son aide. Alors que la prédication représente la fonction prophétique de se présenter devant les hommes de la part de Dieu, pour proclamer Sa Parole de Vie et les implorer à L’accepter. L’une reste imparfaite sans l’autre.

Il faut des missionnaires qui partent au loin et qui prêchent aux non atteints, mais leurs efforts ne produiront pas la totalité des fruits attendus sans le soutien d’intercesseurs efficaces à l’arrière. Paul, le prince des missionnaires, appelait continuellement les églises à la prière. 2 Thes 3,1: “Frères, priez pour nous, afin que la parole du Seigneur se répande et soit glorifiée… ». Le plein effet de la prédication de Paul, dans la puissance du Saint Esprit, dépendait des prières de foi des autres croyants…

La Bible présente deux aspects distincts de la prière, qui doivent trouver leur place dans la vie de tout missionnaire véritable, et dans celle de tout chrétien spirituel : la prière dévotionnelle et l’intercession.

La prière dévotionnelle
C’est la communion avec Dieu, une relation toujours plus intime et sainte, entretenue par des saisons régulières d’attente de Dieu, dans une adoration profonde et une méditation tranquille de Sa Parole. Le livre des Psaumes abonde de passages qui décrivent cet aspect de la prière, alors que l’exemple suprême est le Seigneur Jésus Lui-même, de par sa communion ininterrompue et intensément réelle avec Son Père, tout au long de son séjour sur la terre. Jésus était « l’Homme de prière » ! Toute Sa vie a été une prière du début à la fin, et les témoignages limités relatés dans les Evangiles nous donnent des aperçus saisissants sur Sa vie de prière.

Marc 1,35: “Vers le matin, pendant qu’il faisait encore très sombre, Il se leva et sortit pour aller dans un lieu désert pour se mettre à prier”. Il priait en public et en privé: à son baptême – au désert, pendant la tentation – sur le mont de la Transfiguration – devant le tombe de Lazare – dans le jardin de Gethsémané – sur la croix du Calvaire – etc. Il a passé une nuit entière seul dans la prière, avant de choisir ses 12 apôtres. Jésus ne pouvait pas vivre sans une communion régulière avec Son Père…

Si le Fils de Dieu Lui même ressentait un tel besoin de prière dévotionnelle quotidienne, comment un missionnaire ou comment un travailleur chrétien peut-il le négliger ? Les hommes qui ont accompli de grandes choses pour Dieu étaient des hommes de prière.

Adoniram Judson, l’un des plus grands missionnaires américains, écrivait: « Soyez résolus dans la prière. Faites tous les sacrifices pour l’entretenir. Considérez que le temps est court, et que vous ne devez pas permettre à vos affaires et à vos relations de voler le temps de Dieu » Cet homme a fortement impressionné un grand empire pour Christ, et a laissé des fondations solides et profondes pour le Royaume de Dieu en Birmanie.

Hudson Taylor était avant tout un homme de prière. Il vivait constamment dans la présence de Dieu, la communion avec Dieu était devenue pour lui aussi naturelle et nécessaire que la respiration. La Mission à l’Intérieur de la Chine qu’il a fondée, est née dans la prière, et dès lors, la prière a toujours été son souffle vital.

Pour un missionnaire sur le terrain, le fait de maintenir des temps quotidiens et réguliers de prière dévotionnelle (avec la méditation de la Bible) ne sera pas facile. Le manque de vie privée, dans des conditions de vie souvent faites de moyens de fortune – Les interruptions incessantes de la part de personnes bien intentionnées mais sans discernement – la pression des tâches multiples à accomplir – L’atmosphère oppressante des activités spirituelles environnantes – il faut confronter toutes ces distractions pour sauvegarder une prière dévotionnelle.

La prière d’intercession.
C’est tout différent de la prière dévotionnelle. Souvenons-nous que la prière n’est pas uniquement une communion avec Dieu, c’est aussi une coopération avec Lui, un ministère précis et agressif, un partenariat avec Dieu afin de mettre en place Sa volonté divine et Ses objectifs dans ce monde. La prière est plus qu’une simple préparation pour le service, c’est la puissance dans le service – et même plus que cela, la prière est le service !

Parmi les nombreux passages bibliques qui mettent en avant cette aspect de la prière, l’un d’eux retient particulièrement notre attention, dans la 2e partie de Jacques 5,16 : « La prière fervente d’un homme juste produit des résultats puissants » ou « permet à des choses puissantes de se produire ». Cette version met en valeur cette vérité que la prière est une force vitale, elle possède une grande dynamique. La prière dégage de l’énergie, elle permet à certaines choses de se produire au travers de celui qui prie. Certains objecteront à cette conception de la prière que depuis que l’univers existe, il est gouverné par certaines lois fixes et inaltérables : il est donc impensable qu’un simple individu, par sa prière, puisse interférer avec ces lois immuables. Mais ceux qui objectent ainsi perdent de vue un autre fait important : c’est que précisément la prière fait partie de ces lois fixées par Dieu, et Dieu a planifié que beaucoup de choses doivent se réaliser par le moyen de la prière ! Quand on prend conscience de ce fait, on comprend immédiatement que ce n’est pas l’homme qui prie, mais plutôt celui qui ne prie pas, qui interfère avec les lois fixées par Dieu: par son manquement à coopérer avec Dieu, il n’engendre pas les réalités que Dieu avait l’intention d’accomplir au moyen de la loi de la prière…

La priorité et la puissance de la prière n’ont jamais été aussi essentielles que dans un autre domaine que celui des missions. On dit que la Pentecôte constitue le point de départ ou le jour de l’inauguration des missions chrétiennes, mais n’oublions pas ce qui s’est passé dans la chambre haute à Jérusalem, ou une compagnie de disciples consacrés a persévéré pendant 10 jours d’un commun accord dans les prières et les supplications pour la venue de la Pentecôte. C’est pourquoi l’on peut faire remonter le commencement des missions à cette rencontre de prières. L’entreprise missionnaire est née dans la prière, et son histoire dans la suite du temps est une collection de réponses aux prières…

Piétistes, Moraves, et Intercession missionnaire.
Depuis la Pentecôte et l’apôtre Paul, tout au long des siècles jusqu’à aujourd’hui, l’histoire des missions est une succession de prières exaucées. Chaque expression fraîche d’énergie missionnaire a été le résultat de prières de foi. L’entreprise organisée des missions a pris naissance en Allemagne et au Danemark, cent ans avant l’Angleterre. Elle s’est répandue directement à partir du mouvement de réveil connu sous le nom de “Piétisme”, sous la sainte direction Spencer et Francke. Elle était profondément enracinée dans la prière. C’est de là qu’est issue la mission danoise de « Halle », en direction de l’Inde, ainsi que le mouvement plus connu des Moraves, dirigé par le saint Comte Zinzendorf. Un camp de base fut établi à Herrnhut, ou la vie de prière fut tellement incarnée dans le zèle missionnaire que cette petite communauté (avec toute la longue lignée de missionnaires consacrés qui en sont sortis, pour aller jusqu’aux extrémités de la terre) devint l’une des merveilles de la période de l’Eglise.

Jonathan Edwards et l’intercession missionnaire
A son tour, Herrnhut exerça une influence marquante sur les principaux dirigeants du mouvement Méthodiste en Angleterre. Là, dès le début du 18e siècle, éclata un remarquable réveil de prière, en faveur du monde non atteint, fortement stimulé par un très puissant appel qui émanait de Robert Miller depuis l’Ecosse, et qui mettait l’accent sur la prière comme étant essentielle, parmi d’autres mesures qui devaient être utilisées pour la conversion des non atteints. En 1744, un appel fut largement répandu au cours d’un grand concert de prière, et en 1746, un mémoire fut envoyé en Amérique, invitant tous les chrétiens de là bas à s’unir aussi dans les mêmes requêtes. Ce message poussa Jonathan Edwards à prêcher un message qui, non seulement réveilla beaucoup de monde à prier de façon plus sérieuse de ce côté là de l’Atlantique, mais se révéla aussi être l’une des influences majeures qui bouleversa le cœur de William Carey en Angleterre, et contribua ainsi à initier la période moderne des missions mondiales.

William Carey, Samuel J. Mills et l’intercession missionnaire
Nous ne répèterons pas ici les faits bien connus qui ont conduit à inaugurer cette nouvelle ère. Nous voulons ici insister seulement sur ce fait que la prière a été un instrument essentiel pour amener ces choses à l’existence. En Grande Bretagne, William Carey est universellement reconnu comme étant “Le père des missions modernes” – Ce même titre est donné à Samuel J. Mills, en relation avec l’Amérique du Nord. On ne peut pas lire l’histoire de ces deux hommes sans être profondément bouleversé. Kettering en Angleterre, ou est née la première Société Missionnaire Baptiste en 1792, tout comme la rencontre de prière de “Haystack” en 1806 au Williams College aux USA, seront toujours considérées comme les lieux de naissance des missions modernes. Mais c’est dans le cœur de CAREY et de MILLS, au travers du travail de leur âme et de leur combat puissant dans la prière, que cette grande entreprise pour Christ et pour le monde vit effectivement le jour.

Comme il peut être dit en toute vérité que la Mission à l’Intérieur de la Chine ou la Mission Gossner en Inde, deux remarquables “Missions par la Foi”, sont nées dans le coeur et au travers des prières d’agonie de leurs fondateurs respectifs, Hudson Taylor en Angleterre et le pasteur Gossner en Allemagne. On dit de Gossner, qui envoya à lui seul 144 missionnaires : “Il priait plus haut que les murs d’un hôpital et que les coeurs des infirmières. Il priait jusqu’à ce que les stations missionnaires viennent à l’existence et que les missionnaires se lèvent par la foi. La prière était son atmosphère : il ne pouvait pas vivre sans elle. »

Réveils, Missions et prière d’intercession.
Tous les réveils puissants qui constituent les sommets des annales missionnaires ont eu leurs racines dans la prière. En Hawaii, de 1837 à 1843, le réveil commença dans le coeur des missionnaires eux-mêmes. En 1835 et 1836, alors qu’ils se rassemblaient pour leur rencontre annuelle, « ils furent puissamment conduits à prier, et ils furent si profondément marqués par la nécessité de demander une effusion du Saint Esprit qu’ils préparèrent un appel solennel aux églises de leurs pays d’envois, pressant les chrétiens en tous lieux à s’unir avec eux dans la prière pour rechercher un baptême d’En Haut. » Bientôt, ils remarquèrent des signes qui ne trompent pas d’un intérêt pour les choses spirituelles. Alors en 1837, un réveil balaya l’île, à tel point que les missionnaires travaillaient nuit et jour avec des âmes en agonie et angoissées. A Hilo, un jour mémorable, 1705 personnes furent baptisées par Titus Coan, et en six ans 27.000 convertis furent reçus dans les églises.

Le grand réveil parmi les Telugu outcastes est directement relié à la “Colline de Prière”, une haute colline qui domine la ville de Ongole. Un couple missionnaire, entouré de trois collaborateurs indiens ayant les mêmes intérêts, furent contraints de passer la dernière nuit de 1853 au sommet de cette colline, afin de prier pour le champ Telugu, qui n’avait pratiquement produit aucun fruit, après des années d’ensemencement dans la foi. Plus d’une fois, le Comité missionnaire à l’arrière avait été sur le point d’abandonner ce champ, c’est seulement le plaidoyer insistant des missionnaires qui avait permis de remettre cette décision à plus tard. Quand le premier jour de l’année commençait à poindre, ils reçurent dans leurs cœurs une tranquille assurance que leurs prières avaient prévalu.

Ils durent faire face ensuite à une longue période d’épreuve, mais progressivement l’opposition se brisa, la tendance commença à s’inverser, et finalement une puissante effusion du Saint Esprit conduisit une multitude d’âmes dans le Royaume de Dieu. En un seul jour à Ongole, en 1878, 2.222 furent baptisés et 8.000 en six semaines. L’église devint alors la plus importante au monde. Notez que le gouvernement indien reconnut le puissance qui émanait de “la colline de prière” et il en fit don à la mission, pour qu’elle s’en serve comme un mémorial et comme un lieu de rassemblement.

L’un des plus grands réveils vécus en terre de mission eut lieu en 1905/1907 en Corée, lorsque prit place l’une des manifestations les plus remarquables de la puissance de Dieu dans toute l’histoire de l’Eglise chrétienne. Tout le pays fut balayé, même au delà des frontières en Mandchourie et en Chine. L’église fut lavée et purifiée, apportant une prise de conscience suprême de l’horreur du péché. Les chrétiens furent embrasés d’une nouvelle passion pour aller chercher les perdus, beaucoup furent frappés d’une grande conviction de pécher et conduits à accepter Christ. Le chemin était ouvert pour le « Mouvement pour gagner des millions d’âmes”, qui se propagea vigoureusement pendant des années. Là encore, le réveil commença dans la prière, d’abord avec un groupe d’ouvriers à l’est de la Corée, ou les premiers bouleversements se produisirent, puis plus tard jusqu’à PYONG YANG, qui devint l’épicentre du grand réveil. « Pendant les mois qui précédèrent ce réveil; les missionnaires de cette station avaient tenu quotidiennement des rencontres de prières, en plaidant pour une puissante effusion de l’Esprit de Dieu. Finalement, le flot de la bénédiction se déversa sur une large assemblée d’ouvriers et de croyants coréens rassemblés pour prier dans la grande église centrale de la ville, dirigée par un humble et pieux évangéliste coréen.

Le réveil coréen s’étendit jusqu’en Chine, sous la conduite du Dr Jonathan Goforth, qui avait visité la Corée, et avait remarqué l’action puissante du Seigneur à cet endroit. Dr. Goforth raconte plus tard l’étrange témoignage suivant : “Lorsque je revins en Angleterre, je rencontrais une certaine soeur, et nous parlions longuement du réveil en Chine. Elle me signala des dates précises, quand Dieu lui avait spécialement parlé et l’avait pressé de prier. Je vérifiais ces dates, et je trouvais que c’était exactement aux moments ou Dieu avait agi de la manière la plus puissante en Chine et en Mandchourie. Le jour où toute l’histoire de ce réveil sera révélée, je crois que l’on s’apercevra que ceux qui ont fait le plus pour déclencher ce réveil étaient des saints de Dieu, cachés avec Lui dans la prière… »

« L’un des plus grands miracles et l’une des plus grandes pièces à conviction du Christianisme, c’est la vie de prière de nouveaux convertis orientaux, gagnés à Christ. Parmi toutes ces multitudes d’Inde, de Chine, du Japon, d’Afrique et des îles lointaines, on retrouve le même phénomène : ils prient ! »

La prière est quelque chose que chacun peut faire !
Allons nous saisir nos privilèges et coopérer avec Dieu par la prière ? Prier pour les missions, à la différence d’aller ou de donner, est quelque chose à laquelle tout enfant de Dieu peut prendre part. Tous ne peuvent pas partir, car pour aller, il faut des qualifications particulières et un entraînement. Tous ne peuvent pas donner, du moins de manière libérale, à cause de leurs ressources limitées. Mais tous peuvent prier ! Le plus humble des chrétiens peut prendre part à ce ministère élevé et puissant de l’intercession. Certains, qui ont été de grands intercesseurs pour la mission, ont su changer leur chambre à coucher en salle d’audience avec le Roi, ils ont ainsi assiégé le trône de la grâce et se sont projetés eux-mêmes bien au-delà du rang des prédicateurs, en touchant et influençant les extrémités de la terre pour Christ.

Merci au Seigneur pour les intercesseurs et pour leurs prières ! Ils ont été les moyens utilisés pour renverser des barrières, pour transformer le coeur des rois et des gouverneurs, pour forcer des portes closes à s’ouvrir, pour faire lever des ouvriers, pour libérer des finances afin de soutenir ces derniers, pour donner une puissance persuasive au message prêché, pour adoucir des cœurs durs et les amener à une conviction, pour transformer des défaites en victoires aux heurs de crises – tout cela et même encore plus !

Oui, nous avons toujours plus besoin de tels intercesseurs, afin que l’Eglise tout entière soit amenée à genoux sous le fardeau d’une profonde conviction et d’un sens renouvelé de ses responsabilités.

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