Elle nous propose ici le deuxième volet de sa réflexion. Un volet qui touche à l’une des trois
caractéristiques de ce nouveau type d’Eglise : la valorisation de l’incarnation aux dépens de
l’attraction. A découvrir.
Dans notre premier article, nous avons vu que les Eglises missionnelles ou émergentes affichaient 3
caractéristiques. Dans cette contribution, nous allons développer la première : le fait que ces
communautés procèdent par incarnation et non par attraction. Il s’agit là d’un changement complet
de paradigme. On passe du « Venez vers nous ! » au « Nous venons vers vous ». En la matière,
Jésus nous donne l’exemple. Il a quitté son lieu saint et sûr auprès du Père et il est venu s’insérer
dans notre réalité humaine, une aventure combien risquée et perturbante pour le monde religieux !
Depuis Constantin, l’Eglise valorise l’attraction**
L’Eglise occidentale, depuis l’établissement officiel de la chrétienté par Constantin, est devenue une
organisation qui se maintient et qui pense « mission » uniquement dans un contexte non occidental.
Notre culture a cessé en grande partie d’être évangélisée. L’Eglise officielle a été placée
littéralement au centre du village ou de la ville et elle a joui d’une grande influence par son lien
avec la puissance politique. Son message était et est encore aujourd’hui : « Si vous voulez savoir
quelque chose sur le Dieu de Jésus Christ, venez au culte ». Le but de l’Eglise est d’attirer le monde
à elle et si le monde ne vient pas… eh bien, c’est de sa faute !
Même si les Eglises évangéliques n’ont jamais joui d’un lien étroit avec l’Etat et semblent au
premier abord moins concernées, elles ont tout de même, en tant qu’institution, fonctionné par
attraction : invitations au cultes « pour ceux du dehors », rencontres d’évangélisation, Cours
alphalive… Et les membres des Eglises ont essayé d’inviter des personnes à ces manifestations avec
plus ou moins de succès. Ces dernières années, les Cours alphalive ont probablement connu le plus
d’échos, mais, dans beaucoup de cas, ils ont touché des personnes qui avaient déjà certains liens
avec les milieux d’Eglise.
En dehors de cela, attirer de nouvelles personnes pour qu’elles se
joignent à la vie d’Eglise est une activité pour le moins décourageante. Même placer un mot à
propos de la foi dans une conversation quotidienne est devenu délicat et presque impossible. Le
monde de l’Eglise et celui du dehors ne se mélangent quasi plus.
Par contre, si nous essayons de procéder comme Jésus au travers de son incarnation, nous quittons
le cercle assez confortable et peu menaçant de nos amis chrétiens. Nous partons à la rencontre des
gens qui nous environnent et nous nouons des relations sociales et culturelles dans le but d’être
Christ pour ceux qui ne le connaissent pas encore. Ce faisant, nous serions tous des missionnaires
transculturels qui vont habiter au milieu des gens, participer à leur vie, à leurs joies et à leurs peines,
pour pouvoir témoigner de Jésus Christ de manière contextuelle et pertinente. L’Eglise missionnelle
est une Eglise envoyée, une Eglise qui part pour amener la rédemption et la guérison dans un monde
brisé.