Dieu est déjà là

Proche de cette notion de sainteté, il y a celle des « lieux sacrés ». Cela constitue probablement une
de nos « vaches sacrées » ! Il y aurait des lieux où Dieu se trouve et des lieux où il ne se trouverait
pas. Nous ne le formulons peut-être pas aussi clairement, mais notre manière de vivre clame cela.
La présence de Dieu est dans le monde par son Esprit, non seulement en moi, temple de Dieu grâce
à sa présence, mais aussi chez « les non encore chrétiens ». Notre joie, c’est de les aider à voir que
Dieu est déjà à l’œuvre dans leur histoire personnelle. Quand je me trouve avec un de ces amis,
Dieu est déjà là. Nous nous trouvons dans un lieu saint. Et cela peut se passer dans un pub, un café
ou ailleurs. Même un bar fréquenté par des prostituées ! Avez-vous entendu l’histoire de Tony
Campolo, un chrétien, professeur de sociologie ? Je ne sais pas s’il se considère lui-même comme «
émergent », mais ce qu’il a fait correspond en tout cas à la pratique de ces Eglises !
Tony était à Hawaï pour donner une conférence.

A 2 heures du matin, il n’arrivait pas à s’endormir
à cause du décalage horaire. Il avait une petite faim. Il commence à faire le tour du quartier pour
trouver quelque chose à manger. Il trouve un seul bar ouvert. Il commande un sandwich et, pendant
qu’il attend et observe les autres visiteurs, il se rend compte que ce bar est fréquenté par des
prostituées. L’une d’elles, Agnès, annonce à ses amies que le lendemain c’est son anniversaire.
Réponse sarcastique de ces dernières : « Quoi ? Tu ne t’attends pas à ce qu’on te fasse un gâteau… »
Quand ces femmes quittent le bar, Tony Campolo demande au tenancier s’il peut organiser une
petite fête pour Agnès la nuit suivante. Le tenancier du bar pourrait décorer les lieux et lui, Tony,
apporter un gâteau d’anniversaire. Ce qui est fait. Agnès est tellement surprise et touchée qu’elle
demande à pouvoir apporter le gâteau chez sa maman pour le lui montrer, avant de revenir le
partager avec les gens du bar.
Tony suggère alors qu’ils prient tous ensemble pour Agnès : pour sa vie, pour sa santé et pour
qu’elle connaisse la bonté de Dieu. Le tenancier du bar, d’un sourire narquois, demande alors à
Tony de quelle Eglise il est membre. A Tony de répondre : « J’appartiens à une Eglise qui prépare
des fêtes d’anniversaire pour des prostituées à 3 heures du matin. ». La réponse du tenancier du bar
fuse : « Il n’existe pas d’Eglise comme celle-là. Si elle existait, je me serais déjà joint à elle ! »
L’image de la pêche
Les pêcheurs du temps de Jésus, et certains encore aujourd’hui, passent énormément de temps à
réparer et à préparer leurs filets. Que représentent ces filets pour nous, si nous effectuons le lien que
Jésus a fait au travers de son affirmation : « Je ferai de vous des pêcheurs d’homme » ? Les filets,
ne serait-ce pas le réseau de relations et d’amitiés que nous tissons avec ceux qui ne connaissent pas
encore Jésus ? Est-ce que ce réseau ne formerait pas le filet dans lequel ces personnes nageraient ?
Cette association nous libère pour regarder d’un œil neuf ces relations, ces contacts et ces amitiés
que nous tissons, mais que peut-être nous sous-estimons, ou pour lesquels nous nous disons : « Je
ne peux pas faire plus, je n’ai pas le temps ».

Un médecin qui va au-delà de la consultation pour
aider son patient à trouver l’accompagnement dont il a besoin tisse ce filet. La personne engagée
dans les services sociaux, qui essaye de combattre l’injustice qui se passe sur le pas de notre porte,
fait de même. Idem pour l’enseignant qui a un contact avec des enfants en difficulté issus de
familles éclatées. Nos loisirs nous offrent aussi des lieux pour tisser des relations vraies et
pertinentes. Ils nous permettent en même temps de trouver le défoulement dont nous avons besoin.
S’intégrer à des projets de sa localité est aussi un « filet » que l’on peut employer. Ainsi, par nos
actions, dans ce partage, nous étendons la rédemption de l’humanité par Dieu. Nos actions parlent
plus fort que nos paroles.

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