DECOUVRIR LA MISSION MONDIALE : CONTEXTE – DEFIS
(D’après le livre de BRYANT L. MYERS – WORLD VISION INTERNATIONAL)
INTRODUCTION :
Jacques 2, 15-17 nous pousse à vivre une foi pratique envers tous nos frères en Christ.
Dans la parabole du Bon Samaritain (Luc 10, 25-37) la question posée est : « qui est mon
prochain ? » – Jésus répond le message suivant : les responsables juifs possédaient de bonnes
croyances, mais ils ne transféraient pas leurs croyances en actions. Le Samaritain avait non
seulement de bonnes croyances, mais il agissait sur la base de ces croyances.
⇒ Qu’en est-il de nos églises aujourd’hui ? Elles sont remplies de gens qui ont de bonnes
croyances, mais Dieu nous appelle à agir.
⇒ Allons-nous prendre soin du monde « à demi mort » qui crie vers nous, ou allons-nous
passer de l’autre côté du chemin ?
PRESENTATION :
DIEU nous appelle à aimer ce monde qui vit des tragédies et qui change très
rapidement. Le monde créé par Dieu est plus qu’une collection de croyants sauvés et
d’âmes perdues. Dieu aime ce monde.
Nous devons apprendre à penser de manière globale (ou holistique), compréhensive et
inclusive. Les stratégies missionnaires concentrent nécessairement nos efforts sur certains
domaines, alors que la recherche missionnaire fait le contraire. Il nous faut considérer toute la
complexité, la diversité et les contradictions du monde créé par Dieu. C’est ainsi que le SaintEsprit peut nous montrer de nouvelles choses et nous interpeller pour nous améliorer.
Le mouvement missionnaire évangélique du siècle passé s’est concentré avec succès sur
l’évangélisation. Il a été moins efficace pour répondre à des problèmes tels que le racisme, les
génocides ou la marginalisation, caractéristiques de cette même époque.
La mission chrétienne semble avoir été prisonnière d’une conception du monde qui ne prend
en compte que l’aspect spirituel et le salut des âmes. Mais nous n’avons pas vu venir le mal à
grande échelle. A côté de deux guerres mondiales et de la guerre froide qui ont tué des
dizaines de millions de personnes, notre 20ème siècle a connu 8 génocides. Les plannings
missionnaires n’ont guère pris cela en compte, mis à part quelques prophètes des pays en voie
de développement, présents à Lausanne 1974.
N’oublions jamais que Dieu aime ce monde et que Jésus est mort pour le racheter ! Toute
situation bonne ou tragique et toute personne bonne ou méchante aujourd’hui, appartiennent à
Dieu, et sont l’objet de son intérêt bienveillant.
DE BONNES NOUVELLES…
Il y a de bonnes nouvelles dans ce monde, même si les médias et les «experts» en parlent peu.
– Depuis 1960, la mortalité infantile a été réduite de plus de 100% dans le monde
– L’espérance de vie est partout en progression, sauf dans certains pays africains où le SIDA
a renversé cette tendance.
– Depuis 1960, on constate une élévation du niveau de développement humain dans toutes les
régions du monde, mesurable par le revenu, le degré d’éducation et l’espérance de vie. Des
progrès importants ont été réalisés dans la fréquentation de l’enseignement primaire et
l’alphabétisation des adultes (notamment les femmes).
– L’accès à l’eau potable était possible pour 36% des enfants du monde en 1965, alors qu’ils
sont aujourd’hui 77% à y avoir accès.
– La mission est désormais un phénomène mondial : les missionnaires viennent de partout et
vont partout. Le libéralisme qui gagne les églises du Nord est compensé par la fidélité
biblique des églises du Sud. De plus en plus de gens prient de façon stratégique pour le
monde, comme jamais auparavant dans l’histoire de l’Eglise.
– Le monde créé par Dieu change à une allure vertigineuse : les technologies de la
communication et de l’information créent des transformations rapides et profondes dans des
secteurs importants de notre vie. L’usage d’internet se développe à un rythme 20 fois plus
rapide que la radio et la télévision en leur temps.
DE MOINS BONNES NOUVELLES…
Ce début de 21ème siècle reflète les répercussions chaotiques de l’effondrement d’un ordre
mondial qui avait été mis en place depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Nous avions
espéré que la fin de la guerre froide apporterait une plus large prospérité économique et une
diminution des conflits internationaux, mais il a fallu déchanter…
⇒ Il y a des guerres et des bruits de guerres. Certaines parties du monde connaissent un
vide chaotique, alors que les conflits, les gouvernements fantômes et des économies non
existantes rendent impossibles la paix et l’application de la loi. D’autres parties du monde
essaient de se relever des excès économiques des années 90 et se battent avec le
matérialisme. Partout, le terrorisme, le crime d’état et le fondamentalisme engendrent la
peur et l’incertitude.
⇒ La pauvreté dans laquelle se débattent tant d’enfants dans ce monde reste sans solution et
augmente. Alors que le pourcentage de gens qui vivent dans une extrême pauvreté (c’est à
dire avec moins d’un $ par jour) s’est quelque peu réduit entre 1987 et 1998, il stagne de
façon inacceptable et concerne toujours 1,2 milliard de personnes. Dans les pays les moins
développés, 30.000 enfants de moins de 5 ans meurent chaque jour de maladies qui
seraient facilement traitées en Occident. Les enfants ne sont pas une force politique, même
si tout le monde reconnaît qu’il représentent notre futur : c’est pourquoi ils restent trop
souvent invisibles aux gouvernements et à beaucoup d’autres.
⇒ Le centre de gravité de l’Eglise chrétienne s’est déplacé vers le Sud, où vivent plus de
70% des chrétiens évangéliques. (Le plus grand nombre de chrétiens se trouve en
Amérique Latine – l’Eglise Africaine est celle qui grandit le plus vite – Les églises d’Asie,
bien que représentant toujours une religion minoritaire, deviennent des centres d’envoi de
missionnaires et de dons remplis de compassion).
Cependant, cette croissance, ajoutée à la force de l’Eglise aux USA, n’est pas
accompagnée de changements importants dans le comportement économique, social et
politique, qui refléteraient les valeurs du Royaume de Dieu. Au contraire : nous voyons
davantage de pauvreté, d’injustice, de comportements immoraux et non conformes à
l’éthique biblique, de matérialisme, et de violence. On peut se poser la question suivante,
à tous les endroits : quel genre de chrétiens fabriquons-nous ?
Les pauvres et les perdus semblent souvent invisibles à l’Eglise chrétienne. Dans une
bande allant de la Mauritanie à l’Indonésie et la Chine vivent 1,6 milliards de personnes
qui ont peu de chances d’entendre la Bonne Nouvelle de Jésus, à moins que quelqu’un
n’aille le leur dire. 85% des pays les plus pauvres du monde vivent dans cette partie du
monde.
LES FORCES DIRECTRICES OU MOTRICES.
On entend par ce terme « forces directrices » les forces majeures qui façonnent l’histoire
humaine. Ces forces ne peuvent être contrôlées, ni ignorées, mais on peut les utiliser. Une
stratégie missionnaire efficace discerne ces forces et se positionne par rapport à elles, de
sorte que ces forces directrices pousse l’organisation en avant dans sa mission et dans son
bon fonctionnement ultérieur.
1- La force directrice fondamentale qui travaille dans ce monde est le SAINT-ESPRIT.
En tant que chrétiens, nous croyons en un roi qui est venu et dont le Royaume est à la fois
établi dans le présent et encore à venir. Nous sommes membres de ce Royaume, nous
désirons obéir à l’appel qui est dans nos vies. Aucune force directrice ou tendance
mondiale ne peut empêcher Dieu de faire ce qu’Il a décidé de faire.
Il y a aussi une claire évidence qu’une force du mal est aussi à l’œuvre, sous la forme de
guerres, maladies, souffrances, injustices, idolâtrie, etc., et dont la mission et de détruire la
vie.
2- Un changement majeur survenu au cours du siècle dernier : la manière dont l’individu
ordinaire a changé sa compréhension de lui-même.
L’homme ordinaire aujourd’hui est plus impliqué, moins ignorant sur la façon dont
fonctionne son monde, plus exigeant à l’égard des institutions sociales et moins facilement
contrôlé par les puissants. Ce changement de perception de soi-même, combiné avec la
révolution des technologies et des moyens de communication, font que l’homme ordinaire
voit sérieusement augmenter son pouvoir. C’est ce qui explique que l’on insiste tant sur la
valeur de la participation locale et de la propriété dans l’exercice du ministère.
En Occident, on assiste à un transfert de valeurs : on mettait autrefois l’accent sur la
croissance économique et le succès matériel – on met à présent en avant l’amélioration du
bien-être, le fait d’avoir son mot à dire dans le gouvernement, la protection de la liberté
d’expression, plus de participation au travail, plus d’exigences en ce qui concerne de jolies
villes et une plus belle campagne, une société plus humaine et une acceptation plus grande
de la diversité.
De façon ironique, que ce changement de valeurs s’accompagne d’une diminution de
l’engagement des chrétiens ou bien d’un Evangile qui manque de profondeur, dépendant
de la culture.
3- Les communications à l’échelle mondiale, la révolution technologique et le succès du
libre échange dans le monde entier ont créé une force directrice appelée
MONDIALISATION.
Le monde est ouvert aux affaires 24H sur 24, l’information est virtuellement disponible
partout, à tout moment. Les compagnies multinationales prennent leurs décisions
financières et en matière d’investissements, convertissent leur argent en diverses devises
et les font circuler, réduisent leurs risques en tirant profit des écarts et incohérences
existant entre les différents marchés nationaux.
L’internationalisation des marchés de capitaux signifie que les états perdent le contrôle de
leurs devises, des prix de leurs marchandises et des marchés d’investissements. Cela
signifie que si l’on est grand, international et avancé sur le pan technologique, on est en
bonne position dans la compétition. Si l’on est petit, pauvre ou technologiquement en
retard, on se retrouve hors course.
Grâce aux progrès technologiques et dans la communication, les médias et la publicité
deviennent plus personnels et localisés. Les magazines arrivent avec votre adresse
imprimée sur la couverture ou sur commande, sur votre adresse mail. Internet permet une
gestion des relations avec les individus très personnalisée. Il augmente l’accès à la
connaissance, aux nouvelles, et aussi à la pornographie.
La nouvelle économie mondiale utilise la technologie pour manipuler l’information et
pour lancer des innovations. Ceux qui ont les compétences, l’intelligence et la formation
pour créer des valeurs avec l’information, seront au cœur de l’activité de demain.
La manière de gouverner devient elle aussi mondialisée. L’ONU se bat pour fonctionner
comme le point central de la communauté internationale. La démocratie est supposée
devenir une marchandise universelle. Le respect des Droits humains devient une norme.
Les interventions à titre humanitaire supplantent la souveraineté nationale.
4- Le pouvoir de l’identité et le besoin de trouver une « signification »
Chacun a besoin d’une identité qui s’enracine localement. Personne ne se sent chez lui
dans un monde global.
La communication à l’échelle mondiale, la technologie et l’intégration économique
attirent les choses vers un centre commun, les intégrant dans une matrice globale. On
trouve en face de cela une force contraire qui est l’IDENTITE, sous la forme de la religion
ou du sentiment ethnique, qui tend à maintenir les choses plus locales et plus personnelles.
A mesure que les pauvres se retrouvent écartés de l’économie mondiale, l’attrait pour leur
identité ethnique ou religieuse va augmenter. Cela nous conduit au
FONDAMENTALISME, qui s’exprime par la violence ethnique ou religieuse et par les
turbulences sociales.
Partout dans le monde, il y a un renouveau d’intérêt pour les questions spirituelles.
L’économie ou la technologie ne peuvent satisfaire la soif de SIGNIFICATION qui existe
dans chaque cœur humain. Nos contemporains ne croient plus aveuglément à la toutesuffisance de la science ou de la raison humaine, ni dans le caractère inévitable du progrès
humain. Le cyberespace n’est pas l’espace humain, et la réalité virtuelle ne peut donner
aux gens un substitut à leur besoin d’avoir un but et une identité. Les gens sont en quête
de spiritualité, même si dans ce monde post-moderne, n’importe quelle spiritualité fait
l’affaire. Le pluralisme religieux est de plus en plus la norme.
5- La vison d’un avenir meilleur.
La vision d’un avenir meilleur conduit les gens et les institutions. Pour la communauté
internationale, l’avenir préféré pour l’humanité est fait de paix, de prospérité matérielle et
de démocratie. Cette vision encourage le maintien de la paix et l’éradication de la pauvreté
matérielle, par la mondialisation. C’est le programme des gouvernements occidentaux, de
l’ONU, la Banque Mondiale, le F.M.I, l’O.M.C, etc.
Le système de marché actuel fait la promotion du postulat suivant : un meilleur futur pour
l’humanité sera le résultat de l’intérêt personnel et d’une cupidité limitée. Le marché
tolère la pauvreté, dans la mesure où la pauvreté est acceptable aussi longtemps qu’elle ne
m’affecte pas.
Malheureusement, il semble que la communauté chrétienne soit inefficace à proclamer
une vision convaincante affirmant que le meilleur avenir pour l’humanité est celui ci : que
les êtres humains aiment Dieu et aiment leur prochain.
6- Une démographie qui change son cours.
Le taux de croissance de la population mondiale diminue, même si la population continue
de grandir dans de nombreux pays du Sud. Au Nord, la croissance de la population est
proche de zéro, les états se débattent pour trouver des politiques sociales cohérentes face
au vieillissement des populations. Suite à l’immense migration des populations vers les
villes à la fin du 20ème siècle, 47% de la population mondiale vit dans les villes, et la
croissance est la plus forte dans les villes du Tiers Monde.
Alors que l’Occident, le Japon et la Chine vieillissent, le reste du monde est jeune. Un
tiers de la population mondiale est âgé de moins de 15 ans, et 85% de ces jeunes vivent
dans le Tiers Monde. Ces enfants ont besoin d’éducation, d’une place dans la société et de
devenir productifs. Sinon, devenus de jeunes gens, ils seront une force potentielle de
violence et de trouble social.
Une nouvelle génération d’adolescents et de jeunes adultes a émergé, et pour la première
fois dans l’histoire, cette force est mondiale. Ces jeunes gens sont connectés les uns aux
autres par les chaînes de TV, Internet, et la culture planétaire des jeunes. Cette cohorte de
population est composée de milliards de jeunes. Beaucoup pensent que la jeune personne
« planétaire » est une nouvelle force directrice en devenir.
Nous avons étudié seulement six tendances majeures qui façonnent le monde créé par
Dieu. Cinq d’entre elles sont le produit de l’invention humaine, et donc entachées par le
péché. Et puis il y a le Saint-Esprit, qui conduit fidèlement et invariablement l’histoire
humaine vers son terme. Notre appel est de nous joindre à Lui et de nous consacrer à faire
émerger le Royaume de Dieu, dans un monde qui paraît hostile et déterminé à suivre sa
propre voie.
QUELLES CONCLUSIONS ALLONS NOUS TIRER ?
Quelles sont les tendances ou trajectoires majeures de changement aujourd’hui ?
Les six tendances que nous avons mentionnées sont comme les courants sous-marins de
l’océan qui agissent sous la surface de l’eau : à certains moments, ils se renforcent les uns les
autres, à d’autres moments ils entrent en conflit et créent des turbulences.
Les marées créent des vagues qui viennent s’échouer sur le rivage. Les vagues sont comme
les trajectoires de changement : elles sont ce que nous voyons. Elles sont ce qui semble nous
affecter le plus directement. Les tendances mondiales peuvent être gérées, et même changées.
1. Un fossé grandissant entre le riche et le pauvre.
Depuis 1980 : 15 pays ont connu une croissance économique remarquable, et 1,5 milliard de
leurs habitants ont vu leur situation s’améliorer. Dans le même temps, 100 autres pays ont
connu un déclin économique, et leur 1,6 milliard de ressortissants (dont la moitié sont des
enfants et des jeunes) ont souffert au travers de la récession économique, de la dévaluation de
leur monnaie, de l’accroissement de la dette internationale et des abus de leurs gouvernements
Les pauvres de ce monde vivent souvent d’une économie « de l’ombre » (travail illégal –
commerce de rue – travail à la journée – etc.). Cette économie informelle est estimée à 9
trillions $, elle constitue une expression brute de ce qu’est le capitalisme au travers du troc, de
la corruption et des activités illégales, en dehors de toute les protections de la loi. Dans cette
économie de l’ombre, le trafic de drogue, les enfants de la rue, le travail des enfants,
l’exploitation sexuelle des enfants et le commerce illégal des armes sont un fait normal.
2. Les pauvres et les perdus « invisibles ».
Dans la « Fenêtre 10/40 » vivent 1,6 milliard de personnes qui ont très peu de chances
d’entendre la Bonne Nouvelle de Jésus, à moins que quelqu’un se déplace pour leur dire. 85%
des plus pauvres de ce monde habitent dans cette région, et seulement 1,2% des offrandes de
la mission chrétienne sont investies dans cette zone.
3. L’augmentation des conflits internes et de la violence
En 2000 : il y avait 38 conflits majeurs ou guerres dans le monde, on estimait que plus de 540
millions d’enfants vivaient dans un contexte instable ou violent.
Les « Seigneurs de guerres » locaux exportent les ressources naturelles locales pour financer
leurs armes et leurs armées. 300.000 enfants soldats sont enrôlés, pour qui les effets de leurs
traumatismes à long terme assombrissent leur avenir.
4. Les mouvements de populations.
Les conflits armés, les catastrophes naturelles et la ruine de l’environnement ont augmenté le
nombre de réfugiés (2,5 millions en 1975 – 15 millions en 2000 – auxquels il faut ajouter 22
millions de personnes déplacées dans leur pays)
5- Vers l’émergence de trois pôles de puissance économique : USA – Union Européenne –
Asie pour les temps proches, avec une influence de plus en plus grande de la Chine et de
l’Inde.
6- La marginalisation de l’Afrique.
Le Nord semble dépassé et démobilisé face aux problèmes insolubles de l’Afrique : le
leadership politique cahoteux, les guerres, la production agricole en déclin, l’augmentation de
la population, et récemment les ravages du SIDA. Notons qu’en même temps, l’Afrique
connaît la croissance d’églises la plus importante de la planète.
7- La polarisation du pouvoir
Le pouvoir économique et politique se concentre de plus en plus autour d’institutions
internationales (ONU, FMI, Banque Mondiale, etc.) et de sociétés multinationales. Le pouvoir
local est entre les mains de « Seigneurs de guerres » ou d’hommes forts, qui manipulent les
situations locales par la violence des armes échangées contre de l’or, des diamants ou du
pétrole, lesquels alimentent l’économie mondiale. Le sentiment ethnique et la religion sont
honteusement exploités pour créer le pouvoir local. Ainsi, les pauvres se retrouvent toujours
plus faibles face à ces centres de pouvoir insaisissables.
8- Les schémas de gouvernement se déplacent
Jusqu’à récemment, les états constituaient la première (parfois la seule) source de
gouvernement, de politique et de redevabilité. Les choses ont changé. Les états sont
confrontés à des défis de plus en plus grands, à cause de la corruption et de politique
défectueuse. Les citoyens et la communauté internationale ne supportent plus que les
gouvernements fassent ce qu’ils veulent et prennent ce qui leur plaît.
Si la démocratie semble solutionner le problème des grandes famines, elle ne semble pas
résoudre la question de l’éradication de la pauvreté (une société démocratique n’est pas
seulement le résultat d’élections !). De même, beaucoup déchantent quant à la capacité de
l’ONU à proposer une alternative pour le gouvernement du monde. Le combat continue entre
une approche multilatérale des problèmes insolubles de ce monde et une approche conduite
état par état.
9- Le changement de forme de l’Eglise chrétienne
Comme le centre de gravité du christianisme s’est déplacé, l’Eglise revêt de plus en plus un
caractère « sudiste », surnaturel, conservateur en matière d’éthique sociale et engagé envers la
mission. L’Eglise du Sud aborde la vie chrétienne de façon holistique : la parole, l’action et
les signes vont souvent ensemble, elle n’a jamais séparé le matériel du spirituel.
10- La place émergente et le pouvoir des femmes
Les études sur le développement montrent que là où les femmes sont instruites, engagées et
introduites dans le leadership, le progrès social est évident. Quand les femmes sont
alphabétisées, la mortalité des enfants baisse, le taux de fertilité baisse, l’alimentation est
améliorée, l’instruction des enfants est meilleure et le développement des micro-entreprises
connaît du succès. Parmi les pauvres notamment, les femmes effectuent la majorité du travail,
produisent le plus de nourriture et éduquent les enfants.
Il est curieux de constater que les filles continuent de recevoir moins de nourriture, moins
d’éducation et moins de soins de santé que les garçons, alors qu’elles ont un rôle clef pour la
transformation de la société.
11- Le fossé dans le domaine de la santé
Le fossé entre riches et pauvres dans le domaine de la santé publique est profond. Les
maladies infectieuses tuent plus de gens chaque année que les catastrophes naturelles. Les
enfants en particulier sont plus vulnérables.
Le virus du SIDA menace en Afrique et en Asie du sud-est des millions de vies. L’Afrique
risque de perdre plus de 20% de sa population adulte dans les 10 ans qui viennent, s’il n’y a
pas de nouvelles options médicales qui émergent. L’impact social est déjà catastrophique,
puisque des enseignants, des médecins, des travailleurs civils meurent. Or, ce sont les forces
du marché (les profits) qui décident si l’on développera tel ou tel nouveau médicament.
12- Les limitations de notre environnement
Le monde arrive aux limites de ce que notre environnement peut fournir. Voici trois tendances
parallèles : la diminution des chutes de pluies – la réduction de la surface des terres
cultivables par habitant – la stagnation de la production de poissons dans les océans – dont la
combinaison constitue une menace sérieuse pour les besoins mondiaux de nourriture.
C’est dans les régions les moins capables de fournir de surplus de nourriture que la population
grandit le plus vite. La pauvreté conduit à la dégradation de l’environnement, laquelle
accentue à son tour la pauvreté. Il y aurait dans le monde 25 millions de réfugiés pour cause
de problèmes d’environnement : ils se dirigent vers les villes et traversent les frontières.
Les habitudes de consommation dans les pays du Nord ont plus d’impact sur l’environnement
que tous les autres facteurs existant ailleurs. Un enfant né dans le monde industriel ajoute plus
à la pollution et à la consommation durant toute sa vie que 30 à 50 enfants nés dans le monde
en développement.
Si de nouveaux et meilleurs moyens de gérer l’eau ne sont pas mis au point, le besoin d’eau
douce pourrait devenir le problème majeur qui limiterait la production mondiale de nourriture.
L’approvisionnement en nourriture de 500 millions de personnes aujourd’hui est produit au
moyen d’une consommation d’eau qui n’est pas viable. Les pays qui manquent le plus d’eau
sont la Chine et l’Inde, les deux pays les plus peuplés de la terre.
ALORS, QUE FERONS NOUS ?
Premièrement, soyons surs que nous voyons bien ce que nous sommes censés voir. Ensuite,
nous sommes appelés à aimer Dieu et notre prochain, notre réponse part de là. Enfin,
regardons à Jésus, sa compassion, une compassion avec une attitude.
Des yeux qui voient en vérité :
Nous avons une histoire intéressante en Nombres 13 et 14. Les 12 espions ont tous vu les
mêmes choses, seul Caleb et Josué ont su donner le vrai sens à ce qu’ils ont vu, c’est à dire un
« pays promis » (14, 6-10).
En regardant ce monde, certains penseront que le mal est tel qu’il dépasse la capacité de
l’Eglise à y répondre et que les chrétiens ne peuvent rien faire. Ou bien ils seront tentés de
chercher seulement à « sauver des âmes », en ignorant les pauvres, les corps blessés et les
systèmes sociaux iniques.
Les plus optimistes verront un monde en développement, des opportunités et du progrès. Ils
pensent que la raison humaine, le monde et le progrès technologique pourront l’emporter, et
que les souffrances et les maladies disparaîtront. Ils verront l’Eglise comme partie prenante de
ce progrès, et souhaitent qu’elle soit pertinente avec le temps présent et moderne. Ils
demanderont que l’Eglise ne crée plus de séparations et qu’elle arrête de proclamer que Jésus
seul est Seigneur.
La vision de Caleb était différente : il a vu le monde tel qu’il était, ainsi qu’un Dieu actif et
digne de confiance. Il a vu la puissance et la richesse de Canaan, il savait qu’Israël seul serait
hors course, mais il croyait Dieu quand ce dernier promettait de donner ce pays à une bande
d’anciens esclaves d’Egypte sans force.
Nous chrétiens, devons regarder le monde comme Caleb a regardé Canaan, à travers les yeux
de la foi. Regardons le monde tel qu’il est – dur, inhospitalier, perdu sans Dieu. Regardons
l’Eglise telle qu’elle est – remplie de pécheurs, mais rachetés par le sang de l’Agneau, la seule
réponse que Dieu a choisi pour ce monde.
Nous chrétiens devons prendre au sérieux les promesses de Dieu : dans un tel monde, avec
une telle Eglise, le Royaume de Dieu est venu et viendra dans sa plénitude.
Nous devons croire non pas aux échecs qui montrent l’évidence du mal, mais dans l’infime et
souvent insignifiante évidence d’un Royaume qui est venu et qui vient encore (que ce soit
Mère Térésa soignant les mourants sans abri, ou la banque alimentaire de notre église locale,
ou al soif d’apprendre d’enfants pauvres scolarisés, discernons la semence de ce Royaume).
Nous chrétiens, comme Caleb, devons regarder ce qui peut être et ce qui est promis, même
quand la tentation est grande de regarder autrement. Ne laissons pas ce monde de souffrance,
de maladie, de pauvreté et d’injustice nous conduire dans l’inaction et dans une retraite auto-